Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/10/2009

Chez Daniel (suivez le guide)

Pour tous ceux d'entre vous qui ont aimé le dîner chez Daniel cet été, voici un article du Figaro que me passe Laurence et qui semble confirmer que ce n'était pas un trop mauvais choix...

"La 5e édition annuelle du guide Michelin de New York a décerné sa plus haute récompense, les "trois étoiles", au chef français Daniel Boulud pour son restaurant Daniel, qui devient le 3e Français à accéder à ce rang dans la métropole américaine.


Après Jean-Georges Vongerichten, pour le restaurant Jean-Georges, et Eric Ripert, pour Le Bernardin, Daniel Boulud est le troisième Français récompensé dans cette ville qui compte désormais cinq restaurants au firmament du célèbre guide, avec le japonais Masa de Masa Takayama et Per Se du chef californien Thomas Keller. Dans la catégorie "deux étoiles", on note la disparition de l'Adour, le restaurant du chef français Alain Ducasse à l'hôtel Saint-Regis, qui avait été récompensé l'an dernier quelques mois après son ouverture, rétrogradé désormais dans la catégorie beaucoup plus encombrée des "une étoile".

Six établissements sont gratifiés de deux étoiles, quatre d'entre eux l'étaient déjà l'an dernier, notamment le Momofuku Ko de la nouvelle vedette de la gastronomie américaine David Chang.

Les deux nouveaux arrivés dans cette catégorie sont "Alto", un restaurant italien haut-de-gamme situé dans l'Upper East Side (nord-est de Manhattan) et très aimé des medias new-yorkais, et "Corton" dans le quartier de Tribeca (sud de Manhattan), autre "chouchou" des critiques gastronomiques dont le chef est un jeune Britannique, Paul Liebrandt."

20/08/2009

Je me souviens (4) In memoriam, Michel Jacquesson (Le plaisir vaporeux fuira vers l'horizon...)

NY juillet 2009 235.jpg

Je me souviens de Lawrence, le chauffeur taciturne de "Big Apple Bus", et de son vieux minibus poussif sorti d'un hangard de Brooklyn, dont la climatisation nous chauffait davantage les pieds qu'elle nous rafraîchissait la tête.

Je me souviens de notre joyeuse procession remontant paisiblement la 88ème depuis l'angle de Riverside Drive, par une splendide journée d'été, à l'ombre mesurée des arbres chétifs qui venaient d'y être plantés.NY juillet 2009 247.jpg

Je me souviens, tel père, tel fils, que nous avons accroché nos cravates direct en entrant, comme des Américains, une touche de classe en plus - avec le temps, je me détends, tu t'adoucis.

Je me souviens des coupes de Ponsardin qui s'alignaient sur le buffet mongol, rebaptisé bar américain, du Chassagne-Montrachet - et du Michel Jacquesson, de Beaunay, ça ne s'invente guère, entre la mort de Michael et la fête de nos noces ; et je me souviens, là dessus, d'Eric brisant deux coupes d'affilée, pour nous porter bonne chance.

469138832.2.jpg

Je me souviens du régal de la cuisine américano-japonaise des Docks à laquelle s'affairait un chef faussement dur et une serveuse adorable - des petits hamburgers et des bouchées de homard, des bruschette et des chicken satay, des petits hot dogs et des maki rolls minute.

Je me souviens du magnifique chapeau jaune et noir de Régine que s'arrachaient les filles et qui volait de tête en tête, près du miroir de la cheminée, dans de grands éclats de rire.

Je me souviens de Jules, ravi et subversif, me rappelant que l'on avait choisi l'église où Chomsky officiait ("Crisis and Hope: Theirs and Ours" - je me souviens d'ailleurs, mon gars, avoir piqué l'affiche pour toi) tout en visant la bibliothèque, pendant que Ben sécurisait le périmètre.

Je me souviens de papa posant, heureux, sur la terrasse doucement ombragée, entre ses deux fils et faisant, d'un sourire, la synthèse entre celui qui causait trop et celui qui n'en pensait pas moins.NY juillet 2009 256.jpg

NY juillet 2009 245.jpgJe me souviens que je ne savais plus où donner de la tête, entre le séjour et la terrasse, les verres et les mets, la cuisine et la chambre, le frigo et la cave, les uns et les autres - je me souviens que le temps filait à toute allure, entre mes mains de maçon.

Je me souviens que les femmes étaient belles et que nous étions heureux, à boire des coups ensemble - l'éternité, mon Dieu, à présent que te voilà mon nouveau camarade de fortune, ça passe trop vite, vois-tu, mon petit Père.

NY juillet 2009 253.jpg

Oui, " Souviens-toi !...

Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon / Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse; / Chaque instant te dévore un morceau du délice / À chaque homme accordé pour toute sa saison....". 

 

18/08/2009

Je me souviens (3) Mason Chapel (Mariage blanc, Black power)

Je me souviens du démarrage laborieux de la bénédiction, dans la torpeur de l'été, lorsque nous sommes arrivés à la chapelle Mason, sur Malcom X Boulevard en plein coeur de Harlem, entre l'heure du déjeuner et celle de la sieste.

NY juillet 2009 192.jpg

Je me souviens des pompes en croco de Mason, qui nous attendait en sirotant un coca sur sa chaise, devant la grille, face à un groupe de vieux Blacks (on aurait dit une bande de Cubains), assis à l'ombre entre un arbre chétif et l'entrée du parking déglingué, à côté de la chapelle.

Je me souviens de l'accueil d'Edna nous rappelant qu'ils n'avaient "jamais fait ça", une bénédiction d'un mariage de Blancs.

Je me souviens des incantations de Mason et des mots de Bishop, l'un nous faisant des clins d'oeil en évoquant le lit conjugual, l'autre mettant les pieds dans le plat de la couleur.

Je me souviens des pas de danse frénétiques de Bishop, qu'il fait souvent lorsqu'il regagne son banc, quand il a le sentiment d'avoir dit quelque chose qui compte.

Je me souviens de nos battements de mains et de nos swings épurés (à la manière de Barack chez Ellen) sur les airs de Gospel, entre le choeur des filles et l'assistance, derrière, qui commençait à se laisser embarquer par la danse - c'était la joyeuse conversion d'une assemblée papale en band presbytérien.

Je me souviens du contresens qui fut fait lorsque l'on regretta qu'il y eût les Blancs d'un côté, les Blacks de l'autre - c'était une idée de Blanc, nous n'étions qu'invités.

Je me souviens de la beauté envoûtante de In the Name of God et de Without you et de la voix claire de Jasmine, lorsque le choeur reprenait le refrain du pianiste.

Je me souviens des paroles douces d'Edna, du choeur faisant corps - du cercle de prière qui nous enveloppait, pour la bénédiction.

Je me souviens aussi de ce que nous dit un soir, une semaine plus tôt, le révérend Linda Tarry-Chard - que le mariage, c'était bien beau, que nous n'en traverserions pas moins de sérieux problèmes, mais que tout irait bien si nous mettions Dieu entre nous...

Je me souviens de l'émotion des uns, parfois un peu secoués, de l'enthousiasme des autres, et du ravissement fraternel des uns et des autres au fur et à mesure de cette cérémonie improbable.

Je me souviens des "Praise the Lord !", des "God Bless You !" et des "Alleluïa !" qui rythmèrent les incantations enflammées, puis les joyeuses accolades quand vint finalement l'heure de redescendre sur terre.

13/08/2009

Toasts (2) Régine : la Petite Reine, suite (portrait de l'épouse en dynamo de progrès)

"Chers Olivier et Annie,

En tant que témoin d'Olivier, je ne peux pas ne pas évoquer toutes ces longues et belles années d'amitié, tout d'abord une relation prof-élève, avec un premier contact un peu rude (n'est-ce pas, Jean-Charles ?) où deux gamins espiègles et frondeurs se croyaient tranquilles pendant l'heure du midi lorsque les classes sont normalement désertées... jusqu'à ce que je les repère et les apostrophe...

Et puis, je crois, ensemble une belle année de cours, de découvertes, d'exigences (eh oui !), d'amusements pour vous deux et, en fin d'année, l'envol vers d'autres horizons avec, pour Olivier, en pointillés et en rendez-vous variés et parfois hasardeux, le plaisir de nos apartés au bistrot, en pique-niques, en trajets "express" de voiture et, pour moi, le plaisir de te voir grandir, Olivier, changer, gagner de l'assurance et renforcer ta personnalité : Rouen, Paris, Sciences Po, Nouméa, le Quai d'Orsay, Eramet, l'Institut du Nickel en passant au niveau international...

Parallèlement, Charlotte à un an, dix ans, vingt ans, un jour trente ans... Ta protégée, portée par ton affection et ta bienveillance...

Est arrivée entre temps Annie, un si beau cadeau, qui semble née pour apporter l'harmonie, qui veille attentivement au bonheur de chacun, qui a su faire des épreuves de sa vie une dynamique de progrès et qui t'a entraîné dans l'aventure américaine.

Je me rappelle, Annie, notre première rencontre chez Olivier, Boulevard de Port-Royal, dans mon arrondissement fétiche du cinquième. J'arrivais, pas très fraîche, d'un cocktail, avec une amie, nous avons bu du champagne et tu avais transformé des radis en fleurs comme tu transformes des logements en lieux de vie et des relations en affection. Et puis nous sommes allés chez Marty : tu étais là, jolie, cachant une certaine timidité et les soucis de la vie sous un air paisible et charmant, parfois naïf et déroutant, et tu es devenue pour moi celle qui a le génie d'apaiser Olivier en le rendant heureux et en lui évitant de s'inquiéter. Styliste, étudiante puis recrutée aux USA et embarquant Olivier dans cette entreprise...

Aujourd'hui, revenus de l'Ohio, capables de trouver un formidable logement à New York, vous continuez à construire votre bonheur, bientôt à trois...

Olivier et Annie, vous nous bluffez, vous nous impressionnez, vous nous épatez et nous vous souhaitons une vie heureuse et sereine - en fait, tout simplement, une vie digne de vous deux."

12/08/2009

Toasts (1) Autoportrait de l'époux en coureur cycliste

"Nous sommes vraiment très heureux de vous accueillir ici, pour notre mariage, et très sensibles au fait que vous ayez fait le voyage, et parfois même un très long voyage pour être de la partie – comme Christine, qui vient de Nouvelle-Calédonie où elle tâche de faire en sorte que les gros requins du nickel ne mangent pas tous les petits poissons du lagon.

C’est d’ailleurs un mariage très international : Autriche, Nouvelle-Calédonie, mais aussi Allemagne, Australie, Suisse, Italie, Etats-Unis... Non seulement on a les Nations-Unies, mais nous avons aussi les Provinces unies avec les Pays de la Loire, la Normandie, Rhônes-Alpes, Midi-Pyrénées et PACA.

Un – très – grand merci aussi pour vos contributions. C’est vraiment très généreux.

Cela dit, l’autre jour, on a repéré un Rothko, dans une galerie de Madison. Comme ce n’était qu’un petit Rothko, il n’était qu’à seulement 3,2 millions $.

Mais quand même.

On va faire repasser la corbeille du mariage pour voir si, des fois, on ne pourrait pas repasser dignement dans la galerie en question.

***

Il y a maintenant bientôt trois ans que nous sommes ici, en Amérique, et je ne crois pas que nous l’ayons jamais regretté ; il est vrai aussi qu’on n’était pas mariés, jusqu’ici.

La première année, celle de l’installation à Columbus, a été difficile, surtout lorsqu’il a fallu rénover la maison que nous avions achetée (au pire de la crise des "subprimes"), moi qui ai autant de passion que de talent pour le bricolage - et avec un décorateur en chef qui était, de surcroît, particulièrement créatif.

La seconde, celle des déplacements dans tous les sens, a été, disons, mouvementée : en cumul, à deux, on a bien dû faire trois ou quatre fois le tour de la planète.

Quant à la troisième, j’ai bien peur qu’elle ne soit la dernière année de grasses matinées avant longtemps.

Nous l’avons d’ailleurs échappé belle. Je ne savais pas que les trois premiers mois de grossesse sont particulièrement fatiguants pour les futures mamans et, bon, pour ceux qui ne le savent pas encore, Poune aime bien dormir. Et a, en particulier, une capacité assez extraordinaire à s’endormir très rapidement.

Il y a donc eu de légères incompréhensions lorsque nous discutions du programme du mariage en mai-juin, et de cette soirée-ci en particulier, Poune semblant dire : « Mais pourquoi on ne dîne pas très tôt et après, vers 9-10h00, hop la ! on rentre à la maison et tout le monde est conteeeent… ». Et moi commençant de m’emporter...

Mais, le temps que je réponde, elle dormait déjà. 

C’était une période où nous avons eu un dialogue très riche. 

***

Vous connaissez maintenant le mot de Tristan Bernard qui nous a amusés : « Le mariage permet de résoudre à deux les problèmes qu’on ne se posait pas tout seul ». A commencer par l’organisation du mariage lui-même car, vous le savez sûrement aussi, j’ai autant de talent pour le bricolage que de goût pour la logistique. Eh bien, vu les dernières semaines de course d’obstacles en tous genres que je viens de passer, on dirait que le mariage peut, en effet, changer un homme.

C’est d'ailleurs ce que m’a dit Jude Ogboe, le chauffeur de taxi malien, hier matin, alors que je tâchais de faire, en un temps record, une triangulaire entre la 42ème, pour dénicher des articles de sport, et Upper West Side pour faire quelques courses, en passant par Madison Avenue pour y récupérer des chaussures. Alors que je m’emportais (assez vivement) contre les embouteillages, en rappelant que non seulement je me mariais le lendemain, mais qu’en plus nous avions eu l’idée brillante d’organiser un pique-nique la veille, et que c’était justement à ce moment-là que tout le monde ralentissait exprès, Jude m’a regardé dans son rétroviseur et m’a dit :

- « Ohlaaaa, tu vas te marier, mon ami ? Welcome to the New World ! ».

Mais de quel "new world" parlait-il donc ?

Il a ajouté : « Tu vois, les femmes, les hommes, c’est trop différent. C’est pas la même idéologie. Moi, je n’aime pas me disputer, alors je fais ce qu’elle dit et, comme ça, il y a la paix à la maison ».

C'est une stratégie.

Et puis il a conclu en me disant : « La femme est le médicament de l’homme. Avant j’étais une canaille, oui mon frère, une véritable canaille ! mais, maintenant, tu sais quoi ?... Je suis devenu un homme droit ».

Tout un programme.

D’ailleurs, Poune a commencé ce travail de redressement. L’autre jour, elle me parle d’un roman que j’avais ramené d’un voyage en Europe, "Tout est dans la tête" d’Alistair Campbell, l'ancien conseiller en communication de Tony Blair - une galerie de personnages qui défilent devant un psychanalyste, tous plus tordus les uns que les autres. A l’un d’eux, qui passe son temps à commettre adultère sur adultère, le psy finit par recommander de faire du vélo.

C’est ce que Poune me racontait du livre, alors que nous descendions vers les piers de Chelsea à la recherche d'un bateau pour dimanche.

Il y a eu un petit moment de silence.

(...)

Après quoi, elle ajoute, très doucement, et même, très innocemment :

- « Mondoudou, tu n’aimerais pas faire du vélo, toi ? ».

Deux semaines plus tard, j'avais un super vélo pour mon anniversaire.

***

Si la femme est le "médicament de l’homme", comme dit Jude, eh bien, j’ai dû trouver le plus doux des médicaments qui soit et, pour ainsi dire, le remède miracle.

Sans toi, ma Poune, la vie serait beaucoup moins belle ; beaucoup moins douce ; beaucoup moins surprenante - et aussi, beaucoup moins drôle.

A vous tous, merci encore d’être là.

On vous aime."